vendredi 13 juillet 2012

Bertrand Du Guesclin (1320–1380)

Une statue du Dogue noir de Brocéliande.
La vie de ce personnage marquant de la Guerre de Cent Ans fut une remarquable épopée... qui se poursuivit même après sa mort, survenue le 13 juillet 1380. Ceux d'entre vous qui avez tendance à favoriser l'underdog adorerez le personnage.

Aîné d'une famille de la petite noblesse, Bertrand Du Guesclin est laissé de côté par sa mère, qui lui préfère ses jeunes frères, et par son père, qui refuse même de le former à la chevalerie. Selon ce que l'Histoire nous rapporte, la cause de ce rejet proviendrait de la laideur épouvantable de l'enfant et de son attitude hargneuse impénitente. Court sur pattes, l'air tout sauf sympathique, le jeune Bertrand doit employer les armes pour acquérir une certaine forme de reconnaissance.

C'est ainsi qu'à l'occasion d'un tournoi, tenu à Rennes et auquel le laideron s'est vu interdit de participer, un étrange personnage masqué surprend en se montrant le plus fort, vainquant tous ses adversaires jusqu'à l'avant-dernier. Devant son dernier rival, le héros au visage dissimulé incline sa lance et dévoile son identité : par respect, le jeune homme de quinze ans refuse de combattre son propre père, Robert II Du Guesclin.

Vous aurez deviné que le victorieux personnage se prénomme Bertrand.

Il participe à ses premiers affrontements guerriers en défendant Rennes, et sa notoriété croît sans cesse. Au fil des années suivantes, il devient un fervent partisan du roi de France, Charles V. À deux reprises, le souverain paie d'imposantes rançons pour faire libérer celui que les Anglais surnomment désormais le Dogue noir de Brocéliande. Tant et si bien qu'en 1370, il est fait connétable de France par le roi. Au départ, ce titre glorieux fait de lui le responsable de la cavalerie de guerre. Son influence ne cesse de prendre de l'importance par la suite.

Bertrand Du Guesclin mène ses troupes d'une façon inédite à l'époque. Au lieu de se placer à la tête de milliers de soldats et de déployer un large front au devant de l'ennemi, il s'avance, accompagné de quelques centaines d'hommes, pour assiéger les châteaux adverses un à un afin de récupérer une à une les provinces conquises par les Anglais.

Ne citons qu'un exemple. Bertrand s'avance vers la cité occupée de Niort, vêtu de l'uniforme de l'ennemi. Ses troupes sont également drapées de rouge, couleur de l'armée adverse. Les Anglais, confiants de voir s'approcher des frères, leur ouvrent tout grand les portes de la cité. L'effet de surprise aidant, la bataille se transforme rapidement en une victoire de Du Guesclin. En raison de cette méthode employant peu d'effectifs et de moyens, le connétable pourrait être considéré comme un précurseur de la guérilla telle qu'on la connaîtra bien plus tard.

Les prouesses de Bertrand Du Guesclin sont l'objet de nombreux articles que vous aurez tout le loisir de lire au moment de votre choix.

On en arrive enfin au décès de ce fin stratège. Alors qu'un siège perdure devant Châteauneuf-de-Randon, dans le sud de la France, et après quelques attaques violentes, les défenseurs promettent d'offrir leur capitulation à Bertrand lui-même s'ils ne sont pas secourus par les leurs dans la quinzaine à venir. Avant l'échéance du délai, Du Guesclin meurt d'avoir été trop gourmand d'eau glacée après une journée de combat sous un soleil tapant. Les clés de la cité seront déposées sur son cercueil au terme de la période annoncée.

Malheureusement, les embaumeurs royaux ne sont pas sur place lorsque survient ce décès soudain. Alors qu'on est route depuis un moment en vue de rapatrier son corps en Bretagne, on estime qu'il vaut mieux embaumer sommairement le défunt. On lui enlève donc les viscères et le cerveau, qui demeureront au Puy-en-Velay, son premier lieu de sépulture.

On choisit alors de faire macérer le corps dans une cuve de vin épicé afin de le conserver. Cependant, quelques temps après qu'on se soit remis en route, on constate qu'il s'est agi d'une erreur : une quantité infernale de mouches, probablement attirées par la chair imbibée de vin, rend en effet l'aventure insupportable aux escortes composant le cortège funèbre. On décide donc de faire bouillir la dépouille dans une marmite afin de retirer de son squelette les parties qui sont en putréfaction. Celles-ci sont inhumées au couvent des Cordeliers de Montferrand, la deuxième tombe du Dogue noir.

Son cœur et ses os poursuivent leur route. Le roi Charles V ordonne toutefois que les ossements de son plus fidèle combattant soient enterrés en la basilique royale de St-Denis, lieu où reposent également les rois de France.

La quatrième et dernière sépulture de Bertrand Du Guesclin, à Dinan, en Bretagne, n'accueillera donc finalement que son cœur.

Les avis divergent quant au véritable rôle que cet homme joua lors de cette période tumultueuse en France. Nous ne tenterons pas de trancher la question ici. La simple histoire de son décès méritait amplement ces quelques mots.

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